Le Monde dans les Livres

Vendredi 20 mai 2011 à 13:57

http://lemonde-dans-leslivres.cowblog.fr/images/moderatocantabile.jpg
 Moderato cantabile, Marguerite Duras

Modéré et chantant. Le petit garçon joue sa sonatine au piano, doucement. Il est récalcitrant mais il joue. Sa mère, Anne Debaresdes, l’écoute en souriant. La professeur n’est pas contente, elle râle, elle pousse, elle dispute l’enfant dont la mère sourit, heureuse. Cet enfant, c’est son trésor. Et tout à coup, alors qu'il ne peut répondre quand on lui demande ce que signifie moderato cantabile, un cri retentit dans la nuit.

Dans le café en bas de l’immeuble, une femme vient d’être tuée ; crime passionnel. Son mari se couche à ses côtés, geint, fini enfermé. Puis on n’entend plus rien. Anne, elle, a été émue par cet évènement insolite. Chaque jour, pendant une semaine, elle revient dans ce café où tout s’est déroulé. Sans relâche elle interroge un homme, un homme qu’elle séduit sans le vouloir, un homme qu’elle désire probablement sans le dire, autant qu’elle désire ce vin qu’elle boit, sans cesse, verre après verre, dans une gorgée presque éternelle. Son enfant chaque fois l’accompagne, il joue dehors pendant qu’elle boit dedans, mais elle n’est pas alcoolique, non, elle est simplement passionnée, passionnée de l’amour et de la passion même.

Avec l’homme du café elle aimerait connaître cet amour pour lequel on meurt, cet amour qui a conduit l’homme à tuer sa femme, on ne sait trop pourquoi. Mais tout s’arrête subitement, et on ne sait rien.

Une tranche de vie, réglée par la mort. C’est du Duras. Déroutant, pesant, mais épatant. Le style est sublime, pas un mot de trop, chaque virgule à sa place, des associations presque poétiques parfois, c’est beau et pesant comme un velours, c’est doux et brillant aussi, c’est sublime.

Un très court roman qui charme, modéré et chantant, un peu grave pourtant. L'amour est impossible alors Anne, nouvelle Emma, sorte de Léopold Blum de cette ville portuaire dans laquelle se déroule l'action, se promène ,boit du vin, reçoit et vit. Sensible et triste, heureuse et enivrée. 

 

Par Paradoxale le Dimanche 22 mai 2011 à 12:40
Faudra que j'arrête de venir voir ton blog, parce que tu me donnes envie de lire tous les livres que tu présentes. Là j'ai très envie de continuer ma découverte de Duras, après Le ravissement de Lol V Stein, qui m'avait intriguée. Je note ce titre ;)
Par trofimov le Dimanche 29 mai 2011 à 14:29
Peter Brook avait tiré peu après sa publication un film du livre de Duras ( avec le jeune belmondo qui n'avait pas encore tout à fait cette auréole d'audace et d'insolence que la sortie d' " A bout de souffle " de Godard lui a dessinée .
Dans ses mémoires il raconte les quelques rencontres qu'il avait eu avec Duras . Elle parlait parfois de rajouter quelques mots au dialogue et soudain pour elle c'était des abymes de significations qui semblaient s'ouvrir .
Par versager le Dimanche 5 juin 2011 à 18:33
Exactement oui, ta description est très juste je trouve, elle va parfaitement à ce livre.
 

Et vous, qu'en pensez-vous?









Commentaire :








Votre adresse IP sera enregistrée pour des raisons de sécurité.
 

La discussion continue ailleurs...

Pour faire un rétrolien sur cet article :
http://lemonde-dans-leslivres.cowblog.fr/trackback/3109900

 

<< ...Livres précédents | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | Encore d'autres livres... >>

Créer un podcast