La grand-mère de Jade, Frédérique Deghelt
On m’avait vivement conseillé ce roman, dont l’auteur a, selon ce que j’ai pu lire et entendre, fait parler d’elle avec un ouvrage des plus réussis (à ce qu’on dit, encore), La vie d’une autre. Je me suis laissée tenter, d’autant que la quatrième de couverture m’a fortement interpelée (dès qu’il s’agit de la lecture ou de l’écriture, je deviens avide…) et que je l’ai d’abord prêté à ma propre grand-mère, qui a adoré. Tout me prédisposait donc à apprécier ce livre…
Résumé : Mamoune, la grand-mère de Jade, quatre-vingt ans, vient de tomber dans sa cuisine. Faiblesse de personne âgée qui lui vaut l’inscription dans une maison de repos. Jade ne peut l’accepter et à trente ans, alors qu’elle vient de rompre avec son petit ami, elle décide d’enlever Mamoune et de l’installer chez elle, à Paris. Entre sa Savoie d’origine et la capitale, le choc ne sera finalement pas si rude pour cette grand-mère encore jeune dans sa tête. Il le sera davantage pour la jeune femme quand elle apprendra que sa Mamoune chérie n’est pas celle qu’elle croit. Sa vivacité d’esprit, elle la doit aux grands auteurs et à leurs brillantes pages. Alors que Mamoune est une grand-mère attentionnée qui sent la violette, Jeanne est une lectrice passionnée. Dissimulant les livres dans la couverture de sa vieille bible, elle lisait au nez de tous sans que personne ne s’en aperçoive. Quelle aubaine lorsque sa petite fille lui avoue avoir écrit un roman, refusé par les éditeurs ! Elle va pouvoir enfin rencontrer un véritable écrivain et lui venir en aide. S’ensuit donc le récit à deux voix (celle de Mamoune et d’un narrateur omniscient) de la cohabitation entre cette jeune femme et sa grand-mère, où alternent réflexion sur l’amour, la vieillesse, la famille, et autres thèmes bien plan-plan.[Mon avis :] Car ce roman est plan-plan, mielleux, sucré. L’intrigue est intéressante mais il me semble que l’auteur ne l’exploite pas à fond. Les choses tournent trop bien, happy end surfaite, sensiblerie niaise. Toutefois, les réflexions sur les statuts de lecteur et d’écrivain sont des plus intéressantes. Malgré une écriture trop souvent clichée, pleine d’images surfaites, vues et revues, certains passages méta-discursifs valent vraiment le coup.
Je me permets encore d’ajouter des éléments au tableau de ma déception. Selon moi, les personnages sont décevants. A trente ans, Jade paraît en avoir vingt. A quatre-vingt, la grand-mère semble en avoir cinquante quand elle nous livre ses réflexions sur la lecture. On ne croit pas à son personnage de savoyarde et de lectrice clandestine. Le contraste est trop explicitement établi. Et puis c’est vraiment bourré de sensiblerie.
Voilà, je crois avoir bien démonté ce roman que pourtant j’ai lu sans m’ennuyer. A chaque phrase je ne pouvais m’empêcher de penser : « Mais quelles images clichés, comme c’est niais, comme c’est visqueux et gluant » mais pourtant j’ai avancé, j’avais hâte de le terminer (la fin est un peu longue, le fameux épilogue qui m’a tout de même touchée est venu bien tard…).
Je conseillerai ce livre à ceux qui s’intéressent à l’écriture, la lecture, et qui sont sensibles à l’illustration de la vie d’un jeune auteur face à son manuscrit et aux maisons d’édition. Je le conseille surtout vivement aux mamies qui aiment lire et qui aiment leurs petits enfants. Bref, un roman pour les personnes d’un certain âge qui aiment à rêver que la romance est encore possible, pour les mamies comme la mienne qui seront touchées par cette histoire entre une grand-mère et sa petite fille, et enfin pour ceux et celles qui aimeraient devenir écrivain. On sent que l’auteur a mis beaucoup du sien dans ce roman, qui flirte avec l’autofiction (mise en scène de soi déguisée dans un roman. Quasi-autobiographie dans laquelle les noms, les lieux, les dates ont été changés.)
Je conseillerai ce livre à ceux qui s’intéressent à l’écriture, la lecture, et qui sont sensibles à l’illustration de la vie d’un jeune auteur face à son manuscrit et aux maisons d’édition. Je le conseille surtout vivement aux mamies qui aiment lire et qui aiment leurs petits enfants. Bref, un roman pour les personnes d’un certain âge qui aiment à rêver que la romance est encore possible, pour les mamies comme la mienne qui seront touchées par cette histoire entre une grand-mère et sa petite fille, et enfin pour ceux et celles qui aimeraient devenir écrivain. On sent que l’auteur a mis beaucoup du sien dans ce roman, qui flirte avec l’autofiction (mise en scène de soi déguisée dans un roman. Quasi-autobiographie dans laquelle les noms, les lieux, les dates ont été changés.)
Un article à l’image de ce roman finalement : du cliché, une organisation bateau, mais au sein des paragraphes, des remarques qui se veulent (dans mon cas) pertinentes, et qui sont, dans le roman, réellement intéressantes. J’ai ainsi retenu ce passage de la page 164 :
Ceux qui écrivent ont une façon si particulière de porter leurs yeux sur ce que nous ne saurions voir. […] cette façon se saisir la banalité et d’en rendre compte sous un angle insolite, cet art de tisser un lien entre des choses qui n’ont pas l’air d’en avoir. […]ces pages sont pleines, mais elles m’offrent une part dans laquelle peut courir ma propre pensée, l’histoire que je construis dans l’histoire.
Ah tout de même une toute dernière chose ! La couverture est très agréable en main, douce et soyeuse, et le format original. (Finalement, la couverture, sa couleur, sa texture (et son personnage qui n’a aucun rapport avec Jade qui est censée être blonde et détester son portable…) sont à l’image du livre… Suis-je vraiment impitoyable ?)