Le Monde dans les Livres

Lundi 14 février 2011 à 22:14

http://lemonde-dans-leslivres.cowblog.fr/images/lelivredurireetdeloubli.jpgLe livre du rire et de l’oubli, Milan Kundera
Je me sens bien petite alors même que je m’apprête à tenter d’écrire quelque chose à propos de ce roman, qui n’en est pas vraiment un. Comme toujours avec Kundera, le roman prend plein de formes ; un véritable Protée, qui comme le personnage mythique, change sans cesse de forme pour ne pas répondre à nos questions.
Sept parties ; sept petites histoires. Pourtant ça n’est pas un recueil de nouvelles. Kundera nous le dit, c’est un roman. Tout ce livre est un roman en forme de variations. Effectivement, tout tourne autour du rire, et de l’oubli… L’oubli de son amour, de la parole, de sa patrie. Le rire pour conjurer la mort, pour conjurer l’oubli. Kundera nous dit aussi que le récit tourne autour de Tamina, qui a perdu son mari et souhaite retrouver ses lettres pour ne pas l’oublier.
C’est un roman sur Tamina et, à l’instant où Tamina sort de la scène, c’est un roman pour Tamina. Elle est le personnage principal et le principal auditeur et toutes les autres histoires sont une variation sur sa propre histoire et se rejoignent dans sa vie comme dans un miroir.
Tamina est donc un point focal qui concentre tout. La forme des variations est la forme où la concentration est portée à son maximum ; elle permet au compositeur de ne parler que de l’essentiel, d’aller droit au cœur des choses. Pour comprendre l’ensemble, peut-être faut-il chercher à comprendre l’histoire de Tamina. Elle n’est pourtant pas compliquée (des lettres, un amour perdu, un pays quitté). Et pourtant, elle se termine un peu comme un conte, avec des anges…
Même si je le voulais vraiment, je crois que je n’y arriverai pas. Il y a trop d’histoires, trop de thèmes ; tout est mêlé et pourtant on n’étouffe pas ; pas du tout. On se sent même bien dans ce roman en forme de variations. On se laisse bercer par la musique des mots, guider par l’auteur qui nous tient par la main, nous décrivant ce qu’il fait, ce qu’il tait. Un exemple de métalepse.
Il nous raconte des histoires d’amour, de poètes, de jeunes filles qui rient ; il y a aussi beaucoup de sensualité et d’érotisme. J’ai beaucoup aimé l’histoire revisité de Madame Bovary, avec Mme Christine, femme de boucher et amante d’un espèce de poète. La figure poétique et fantasmée de la femme, c’est ça. En plus, Kundera en profite pour critiquer le lyrisme et le kitsch, comme toujours. Il nous livre aussi une réflexion sur le rire, cet ennemi des religieux, des politiques et des écrivains sentimentaux. Et un réflexion sur l’oubli, sous toutes ses formes, jusqu’à celui qui nous fait oublier l’essentiel, la complexité du monde.
Un roman complexe, en forme de variations on l’a dit, mais c’est joli de répéter. Un roman complexe, multiple, gavé mais avec grâce. L’art du raffinement dans la pléthore. Roman, essai, nouvelles, métadiscours,… Tout ça à la fois et pourtant c’est léger, léger… Même si on n’y comprend rien, ou si peu, ce livre est un des plus agréable roman qu’il m’ait été donné de lire. Et pourtant, je n’aime pas les nouvelles… Remarquez, ce n’en sont pas vraiment, puisque c’est un roman en forme de variations !
 
Un site très intéressant sur l'auteur, pour approfondir sur le Kitsch, le rire, l'oubli, l'antilyrisme,... http://yrol.free.fr/LITTERA/KUNDERA/kundera.htm
Par B0uille le Samedi 19 février 2011 à 11:31
Tiens, j'ai la Plaisanterie dans ma PAL, mais je n'ose pas l'ouvrir, Milan Kundera c'est un peu sérieux, je crois, enfin j'ai un peu peur que ce soit trop dur pour moi
 

Et vous, qu'en pensez-vous?









Commentaire :








Votre adresse IP sera enregistrée pour des raisons de sécurité.
 

La discussion continue ailleurs...

Pour faire un rétrolien sur cet article :
http://lemonde-dans-leslivres.cowblog.fr/trackback/3086564

 

<< ...Livres précédents | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | Encore d'autres livres... >>

Créer un podcast