A El Idilio, c’est quand l’arracheur de dents arrive en ville que rien ne va plus. Non pas parce qu’il effraie avec ses tenailles et ses dentiers, mais parce que ce même jour, un homme est retrouvé mort dans une pirogue. Lacéré, éventré, le gringo en a soupé. Le seul qui parvienne à éclaircir ce mystérieux meurtre sans arme est le vieux Antonio José Bolivar : c’est l’affaire d’une belle bête ; une femelle ; un félin. A coup de griffes elle a tué celui qui a assassiné sa progéniture. L’instant de conservation, l’instant maternel aussi. Normal, même au fin fond de l’Amazonie.
Ce vieux, c’est celui qui lit des romans d’amour. Il adore ça. Depuis qu’il est arrivé dans la forêt pour fonder une famille avec sa jeune épouse morte trop vite (une Eurydice sauvage, non pas mordue par un serpent, c’est dommage, mais consumée par la malaria. Bon d’accord c’est pas vraiment une Eurydice, il est pas descendu la chercher aux enfers ni rien, j’avais seulement envie qu’elle se soit fait mordre par un serpent, parce des serpents, le livre en est plein !). Donc depuis qu’il est arrivé dans la forêt, le vieux a appris à y vivre, à survire, à se relever des morsures de serpent, et aussi, un jour, en ville, il s’est rendu compte qu’il savait lire. Et son principal pourvoyeur, de romans d’amour bien sûr, c’est le fameux dentiste !
Toutefois, contre toute attente (attention, je spoile !), l’histoire ne tourne pas autour du fait que ce vieux lise des romans. De cela finalement, il en est assez peu question. Le roman en question n’est pas non plus un roman d’amour d’ailleurs, s’il y en a un c’est une mise en abyme de quelques pages uniquement, cette histoire d’Orphée et Eurydice en pagne que j’affabule. Non, en fait c’est une sorte de roman policier sylvestre, où l’assassin offre de spectaculaires victimes.
Pendant quelques jours, le vieux, accompagné au début d’une troupe commanditée par le gros maire graisseux et suant, le vieux (sous ordre du dit gros maire), va se lancer à la poursuite de cet assassin à poils. Une bête agile, affamée, et superbe.
Voilà, je ne peux pas vous en dire plus, il n’y a pas grand-chose d’autre à ajouter… Je n’ai pas tant spoilé que ça, même si l’histoire semble assez succincte. En vérité, elle l’est. D’ailleurs je m’attendais à mieux, surtout à ce qu’on parle davantage de lecture. En définitive c’est une espèce de roman policier amélioré dans un décor chatoyant, et avec pour héros un vieux un peu romantique. Mais c’est tout de même un livre sympa. Je pensais qu’il allait davantage ressembler à de la littérature de jeunesse vous savez, pleine de bons sentiments et tout. En réalité, ça passe plutôt bien, même si ça reste une histoire proche du conte.
« Un hymne aux hommes d’Amazonie » que dit la couverture… Muais, enfin faut pas non plus tomber dans le pathos hein !